Retour sur 2021 en a.m.o.o.r.

La semaine passée, pendant un déjeuner avec un prospect à qui j’expliquais mes activités, je me suis vu demandé : « je trouverais bien tout ça sur ton site pour présenter aux élus ? » et tout en répondant « oui, bien sûr », je me demandais depuis combien de temps je n’avais pas écrit une ligne dessus.
C’est simple : le 18 novembre 2020, 13 mois.
Entre temps, il y a eu tout 2021, où j’ai pourtant travaillé tous les jours, 50 semaines sur 52…
Je me suis dit que, d’une part, il allait falloir rafraichir un peu tout ça (c’est fait), et d’autre part se retourner un peu sur l’année qui vient de s’écouler (c’est ce que je suis en train de faire avec ce billet)
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2021, (pas) poil dans la main

Il y a une bonne raison à cette absence d’assiduité : j’ai changé de métier en 2021. L’essentiel de ce que je faisais avec un public en face de moi, je le fais aujourd’hui face à un écran et une webcam.
Et ce n’est pas plus mal : de toute façon, mon dernier atelier de 2020 s’était assez mal passé. Faute de voir les visages recouverts par les masques, je n’ai jamais réussi à « accrocher » les participants et à faire vivre cet esprit de travail « en mode détendu » qui caractérise mes interventions. Au moins, à travers l’écran, on voit les visages…

Globalement, on peut à peu près tout faire à distance, y compris des activités d’intelligence collective. J’avais théorisé ça l’an passé : la visio c’est de la distanciation physique, à laquelle on peut remédier en abolissant l’essentiel des distances sociales. Simplement, ça demande au moins deux fois plus de travail. Impossible de se fier à son instinct, il faut avoir planifié au plus près toutes les séquences d’animation…

La Fabrique de l’innovation publique

Pour illustrer ce passage au tout distanciel, mes 4 premiers mois de 2021 ont été consacré à l’animation/conception-au-fur-et-à-mesure de la Fabrique de l’innovation publique, une expérimentation de formation (à distance, donc) menée avec le CNFPT pour des labs ou des équipes chargées de l’innovation dans des collectivités.
Pour ce premier exercice, nous en avions 8 en parallèle (nous, c’est Catherine Blairon, ma complice du Mooc innovation publique, et moi) : 5 départements, une équipe de la Ville de Paris, une métropole et une délégation du CNFPT qui menaient tous un projet d’innovation publique « martyr » pour apprendre les techniques et comprendre la mécanique d’un projet innovant. Chaque semaine, nous avancions ensemble dans la production d’une solution en mobilisant les outils du design et de l’intelligence collective, et tout cela à distance.

Tout est raconté sur https://fabriqueinnovpublique.fr/fabrication/

La première saison a dépassé toutes nos espérances pour ce qui concerne la formation : les équipes ont progressé ensemble, dans un esprit de coopération-émulation qui a fait des merveilles, et nous avons réussi à adapter « en distanciel » des techniques qui nous semblaient impossibles à utiliser autrement que dans les conditions dites du théâtre classique (unité de temps, de lieu, d’action).
Quand nous avons quitté la dernière visio de la Fabrique, nous avions tout de même un peu de peine de ne nous être pas croisés « en vrai », mais ce n’est que partie remise 🙂
Nous sommes en discussion pour faire une saison 2 de cette Fabrique à partir de mars prochain, j’espère que ce sera possible à nouveau. Comme on se le dit avec Catherine : « on a l’impression de tenir quelque chose ».

Y compris dans une logique de déploiement en dehors d’une formation à l’innovation publique : on a inventé en marchant des outils de facilitation qui ont permis la réussite de la Fabrique, et qui peuvent être réutilisés par toute entité faisant de l’accompagnement. Mais on devrait pouvoir en parler plus largement après la saison 2…

Le retour de la prospective

L’an passé, j’ai été replongé dans un grand exercice de participation citoyenne avec la convention citoyenne d’Occitanie, y compris en recroisant des acteurs avec qui j’avais travaillé en 2008 sur des sujets finalement semblables lorsque j’étais à la Région Pays de la Loire.

Cette année, c’est la prospective que j’ai vu réapparaître dans mes radars. Comme si la pandémie nous poussait à réinterroger concrètement le futur. D’abord pour un établissement de formation qui se posait la question du futur des métiers auxquels il forme, puis dans le cadre du mois de l’innovation publique dans la Région Sud, enfin pour les dernières années d’un master en marketing/communication à qui on m’a demandé de donner des armes pour lever un peu le nez du guidon.
Sans oublier une veille prospective sur le COVID, demandée par un client en débit d’année et qui m’avait fait publier un papier d’alerte sur Linkedin en août dernier.

J’ai donc remis en ordre et un peu actualisé mes connaissances en matière de prospective. Sans difficulté : il faut bien dire que l’esprit de prospective est très proche de la culture de l’innovation : refuser le « on a toujours fait comme ça », systématiser les questionnements comme « et si ? », être avide d’apprendre des choses nouvelles, tout cela fonde des traits communs.

Et même, le design nourrit la prospective de par sa capacité à représenter les futurs possibles à travers des objets, des récits, des traces inventées du futur (Bastien Kerspern parle de « provotypes », des prototypes qui provoquent la réflexion). En faisant cela, il le rend moins complexe à appréhender. Décidément, le design, c’est chouette 🙂 .

Clarifier mon offre de service après 4 années d’exercice

Face à ces deux réalités nouvelles (le distanciel qui s’impose sur la durée, le retour de la participation citoyenne et de la prospective), j’ai pris le temps de comparer mon activité et l’offre de service que j’avais défini en 2017 lorsque j’ai commencé.

Localisation des acteurs publics pour qui j’ai travaillé depuis 2017.

J’ai donc analysé mon activité, et formalisé une nouvelle proposition de valeur en conséquence.
Alors que jusqu’à présent j’avais fait chou blanc, j’ai enfin cette année accompagné le démarrage de labs avec la Fabrique de l’innovation publique. Je l’ai donc maintenu, et ajouté l’aide au passage à l’échelle pour les labs plus confirmés, puisque c’est ce que j’ai fait pour le lab du CNFPT ou la Région Occitanie.

J’ai également ajouté noir sur blanc la possibilité d’un accompagnement sur la question de la participation citoyenne et de la prospective. Il me semble qu’il existe un besoin de soutien pour les personnes qui initient ces démarches, élus comme service.
La participation citoyenne, la prospective, oui, mais pour quoi faire ? Qu’en attendre ? Comment faire pour mobiliser les citoyens au delà des cercles habituels, ou des acteurs qui apportent des grilles de lecture renouvelées ?

L’expérience que j’ai pu accumuler en poste à la Région Pays de la Loire, augmentée de mes nouvelles activités professionnelles me permettent d’avoir une proposition originale et (surtout) opérationnelle.

Et surtout, je n’ai pas de solutions clé en main à proposer, et par là même aucunement envie de l’adapter vaille que vaille aux besoins de du client, quand bien même elle ne correspondrait pas exactement.

Mon objectif cette année : faire descendre mon bilan carbone (même si je prends le plus souvent le train) en travaillant plus souvent à Nantes :-).

Le retour des visios quotidiennes et la fin de la parenthèse enchantée

Le variant Omicron m’a déjà fait repousser plusieurs projets sine die dès la fin décembre, avant même l’annonce gouvernementale du retour du télétravail en janvier. Un petit parfum de février 2020…
Il semblerait bien que l’on revienne à une situation qu’on a déjà connu, et à laquelle j’ai d’ailleurs cherché à m’adapter en inventant l’équivalent à distance de toutes mes activités jusque là en présentiel.
Sans doute devrons nous nous travailler à ce rythme – 6 mois avec les gens, 6 mois à distance – pour quelque temps encore.
Mais justement, sans doute ces 6 mois de off sont-ils l’opportunité pour les élus et les équipes de se muscler sur des sujets de fond, que le quotidien force à laisser de côté le plus souvent.

Demande nouvelle, offre ajustée : un nouveau chantier s’ouvre pour a.m.o.o.r. !