Le peak-toolkit (ou l’abondance d’outils d’innovation )

Tool image by Dominick Guzzo, 2012

L’OCDE a un observatoire de l’innovation dans le secteur public. Voici une semaine, cet observatoire a publié un article sur les boites à outils de l’innovation et leurs limites.
Avant de dire du mal (ou presque) des toolkits, ils nous ont d’abord livré le produit de leur veille : des dizaines, que dis-je, des centaines de boite à outils (le lien est dans l’article ci-dessous). Attention innobésité  ! (tentative de néologisme sur la base de l’infobésité, je suis pas persuadé mais j’ai pas trouvé mieux).

Mais c’est surtout leur analyse qui est passionnante à lire.

Bon d’abord, quand je suis arrivé sur leur tableau de bord des boites à outils d’innovation, j’ai repensé aux dizaines d’heures que j’ai passées à explorer http://servicedesigntools.org/ et je me suis dit qu’il y en avait là pour des milliers d’heures…

Avant de plonger dedans, j’ai lu l’article, me demandant bien le sens d’un tel travail. Mais dès la présentation, les choses étaient dites : « En dépit de leur prolifération au cours des dix dernières années, il n’y a apparemment pas eu une augmentation proportionnelle des personnes qui utilisent et intègrent de nouveaux outils« *…

Philippe Meda, dans un article d’anthologie de fin 2012 nous expliquait déjà « l’échec des méthodes d’innovation« , cet immense tableau de bord, et cette constation – qu’on pourrait qualifier de sentence – proclame l’échec des boites à outils.

Une boite à outil que j’avais réalisée après notre expérience avec  Ideo, j’ai donc participé au peak-toolkit** …

En fait, ce n’est pas vraiment de leur échec dont il est question, c’est de la difficulté à s’en emparer simplement.

Dans un numéro de la revue 303 consacrée au design, j’avais comparé le designer à un artisan : ni artiste, ni magicien, il va chercher son inspiration dans le réel et même dans le tangible et il s’arme d’outils (donc d’une boite à outils) qu’à force d’utiliser, il manie de mieux en mieux.

Ici l’article pousse plus loin cette logique et liste les éléments à prendre en compte lorsqu’on se retrouve face à une (ou des) boite(s) à outils :

  • les toolkits ont souvent été réalisées pour résoudre un type de problème, et ne sont pas adaptées à tous les cas de figure. Les utiliser revient parfois à mettre une aspirine sur une plaie pour la stopper  ou à absorber un pansement pour soigner un mal de tête,
  • les toolkits demandent des compétences (et même des expertises) pour les utiliser, et ce n’est souvent pas indiqué ainsi,
  • les toolkits proposent des exercices qui sont décalés par rapport à la culture administrative. C’est bien quand la provocation permet d’ouvrir le champ des possibles, c’est mal quand ça déclenche une défense auto-immune de l’organisation,
  • les toolkits ressemblent sont souvent soit trop précis, soit trop lâches : il faudrait offrir une « granularité » variable,

Tool image by Dominick Guzzo, 2012

Bref, il faut comprendre à quoi servent les outils qu’on utilise, et adapter leur utilisation au cas d’espèce car suivre aveuglément une méthode sans comprendre ce qu’on fait voue l’exercice à l’échec. Plus crûment : tout ne se résout pas avec un World café…

Une troisième voie

Il n’y a que deux solutions évidentes aujourd’hui pour remédier à cela : pratiquer souvent avec des outils différents pour apprendre à les maîtriser (et accepter la possibilité d’échec qui va avec), ou faire appel à des pros quand on est incapable de faire soi-même.

L’équipe innovation de l’OCDE cherche à en inventer une troisième. Ils veulent construire une nouvelle classification en fonction des contextes d’innovation publique, des motivations des innovateurs et des niveaux de maturité de l’innovation dans les organisations. Vaste et louable chantier, réalisé pour une raison simple et pragmatique, expliquée dès le début de leur article : les utilisateurs de ces boites à outils ont souvent des ressources limitées pour leur innovation au travail.

Ils demandent le concours de tous ceux qui le souhaitent sur Twitter , LinkedIn ou email : opsi@oecd.org.

Si vous profitez de leur travail de recensement, peut-être pourrez vous participez à leur chantier !

*traduction automatique par Google

** référence au peak-oil, le moment où la production de pétrole aura atteint son apogée et se mettra à descendre

Une réflexion sur « Le peak-toolkit (ou l’abondance d’outils d’innovation ) »

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