Les organisations de DGS des communes et inter-communalités des Pays de la Loire (SNDGCT et ADGCF) organisaient ce vendredi 10 novembre leur séminaire annuel à Angers, avec le soutien du Cnfpt.
Etant un « facilitateur » de cette dernière organisation, je me suis trouvé à participer à son organisation et à sa tenue. Il s’agissait de proposer une journée autour de la co-construction. Elle contenait une première partie théorique (Didier Locatelli et Jérôme Grolleau, tous deux consultants venant faire un état de l’art sur les stratégies territoriales et la conduite du changement/transformation des organisations) et une seconde partie pratique, organisée par des agents territoriaux praticiens de l’innovation publique avec l’appui d’experts.
Il y avait chez les cadres territoriaux présents une soif de faire autrement, une envie d’essayer la coopération, et une lecture de la nécessité de trouver des solutions endogènes et pas importées.
Bref ils sont mûrs pour l’innovation publique.
Actuellement je travaille sur la documentation de l’université d’été de Cluny du Cnfpt dont j’ai déjà parlé sur ce blog. Cela m’a amené à retranscrire la séance inaugurale (dont j’ai également déjà parlé ici). A cette occasion, Jacques-François Marchandise de la FING avait répondu à la question de savoir si les collectivités pouvaient vraiment innover vu le poids des organisations, les cultures, les normes, etc. en ces termes : « de toute façon, elles n’auront pas trop le choix ».
Cette journée était une illustration parfaite de cette sentence. Tous ensemble, et pris séparément, ils sentent qu’ils n’ont pas le choix. Et devant la complexité de ce qu’il leur faut réaliser, qu’il faut s’épauler et s’entendre avec leurs pairs.
Ce que je veux dire, c’est qu’on a tous entendu des grands discours sur les nécessaires coopérations territoriales et inter-territoriales, que tout le monde y acquiesçait et mais rentrait faire sa zone d’aménagement ou son équipement culturel sans prendre garde au voisin.
Manifestement, il n’en est plus question. L’agenda aujourd’hui, c’est bien comment s’organiser, concrètement pour s’entre-aider dans une coopération s’appuyant sur les atouts des territoires.
un exercice fictif pour apprendre à co-construire
Le principe retenu pour la journée était de venir à plusieurs cadres d’un même territoire, et de s’entraîner à blanc sur un projet fictif, avec des méthodes issues de l’innovation publique, après avoir été mis en condition par un bain théorique (remarquable conférence à deux voies pour se mettre en jambe).
Il faut saluer au passage la méthode choisie : cette journée était organisée par des agents territoriaux qui pratiquent l’innovation publique, ils ont co-élaboré un protocole qui permettait de toucher en une seule journée à des méthodes d’ouverture/fermeture, de créativité, de votes, de conduite de projet, plus quelques autres outils bien concrets et bien opportuns.
Je faisais la conclusion sur les questions méthodos justement, et alors même que je reprenais le fil de la journée et leur retraçais ses acquis, je me rendais compte de la taille de l’enjeu.
Pour l’ancien responsable d’un centre régional du design que je suis, le parallèle était simple à faire avec le monde de l’entreprise. Les grosses boites, si ça ne marche pas avec un designer, en choisissent un autre. Les PME, si ça marche pas avec un designer la première fois, eh bien elles ne font plus appel à des designers.
Les petites communes, les inter-communalités qui n’ont que très peu de marge de manœuvres, n’ont pas les moyens de se planter dans leur acquisition d’une culture de l’innovation. Leurs premières expériences seront déterminantes, et pour ne pas créer la déception, il va nous falloir tous, consultants, formateurs, designers, sociologues, … être très honnêtes, ne pas survendre nos solutions, savoir rester humbles et surtout expliquer ce qu’on fait.
D’autant plus que l’erreur est consubstantielle à l’innovation et que la recherche de solution nouvelles n’aboutit pas forcément à chaque fois. Or, c’est bien de la recherche de réponses immédiates et opérationnelles dont ils se sont fait l’écho.
En tout cas, pour moi qui réfléchit au passage à l’échelle et à la diffusion de l’innovation publique c’était une expérience passionnante.
PS : dans le déroulement de la journée telle qu’elle a été préparée, mes amis facilitateurs n’ont rien trouvé de mieux que de me demander de faire le brief de l’atelier mais dans un format susceptible de marquer l’esprit des présents. C’est donc « déguisé » en maire, et ceint d’une écharpe tricolore que j’ai fait le discours inaugural, où j’ai choisi d’enfiler les clichés comme un enfant enfile les perles. La blague était drôle jusqu’à ce que je découvre que j’étais filmé. Merci encore les amis…
2 réflexions sur « La diffusion de l’innovation dans tous les territoires »
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